Jules César: Guerre des Gaules, livre 1:

[22] Ce jour même César suit les ennemis [= les Helvètes] à la distance ordinaire et établit son camp à trois mille pas du leur.

[23] Le lendemain, comme deux jour en tout et pour tout le séparaient du moment ou il faudrait distribuer du blé aux troupes, et comme dautre part Bibracte, de beaucoup la plus grande et la plus riche ville des Héduens, nétait pas à plus de dix-huit milles, il pensa quil fallait soccuper de lapprovisionnement, et, laissant les Helvètes, il se dirigea vers Bibracte. Des esclaves de Lucius Emilius, décurion de la cavalerie gauloise, senfuient et apprennent la chose à lennemi. Les Helvètes crurent-ils que les Romains rompaient le contact sous le coup de la terreur, pensée dautant plus naturelle que la vieille, maîtres des hauteurs, nous navions pas attaque? ou bien se firent-ils forts de nous couper les vivres? toujours est-il que, modifiant leurs plans et faisant demi-tour, ils se mirent à suivre et a harceler notre arrière-garde,

[24] Quand il saperçut de cette manoevre, César se mit en devoir de ramener ses troupes sur une colline voisine et détacha sa cavalerie pour soutenir le choc de lennemi. De son cote, il rangea en bataille sur trois rangs, à mi-hauteur, ses quatre légions de vétérans; au-dessus de lui, sur la crête, il fit disposer les deux légions quil avait levées en dernier lieu dans la Gaule, et toutes les troupes auxiliaires; la colline entière était ainsi couverte des soldats ; il ordonna quen même temps les sacs fussent réunis en un seul point et que les troupes qui occupaient la position la plus haute semployassent à le fortifier. Les Helvètes, qui suivaient avec tous leurs chariots, les rassemblèrent sur un même point ; et les combattants, après avoir rejeté notre cavalerie en lui opposant un front très compact, formèrent la phalange et montèrent à lattaque de notre première ligne.

[25] Enfin, épuisés par leurs blessures, ils [= les Helvètes] commencèrent a reculer et a se replier vers un montagne qui était a environ un mille de la. Ils loccupèrent, et les nôtres savançaient pour les en déloger quand les Boïens et les Tulinges, qui, au nombre denviron quinze mille, fermaient la marche et protégeaient les derniers éléments de la colonne, soudain attaquèrent notre flanc droit et cherchèrent à nous envelopper; ce que voyant, les Helvètes qui sétaient réfugiés sur la hauteur redevinrent agressifs et engagèrent à nouveau le combat. Les Romains firent une conversion et attaquèrent sur deux fronts: la première et la deuxième ligne résisteraient a ceux qui avaient été battus et force a la retraite, tandis que la troisième soutiendrait le choc des troupes fraîches.

[26] Cette double bataille fut longue et acharnée. Quand il ne leur fut plus possible de supporter nos assauts, ils se replièrent, les uns sur la hauteur, comme ils lavaient fait une première fois, les autres auprès leurs bagages et de leurs chariots. Pendant toute cette action, qui dura de la septième heure du jour jusquau soir, personne ne put voir un ennemi tourner le dos. On se battit encore autour des bagages fort avant dans la nuit: les Barbares avaient en effet formé une barricade de chariots et, dominant les nôtres, ils les accablaient de traits à mesure quils approchaient; plusieurs aussi lançaient par-dessous, entre les chariots et entre les roues, des piques et des javelots qui blessaient nos soldats. Apres un long combat, nous nous redîmes maîtres des bagages et du camp.

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